279. Je n’aime pas ma voix… mais ce n’est pas grave

Il est logique que vous n’aimiez pas la voix que vous entendez quand vous démarrez dans le podcast ou la vidéo, et que vous la trouviez différente et même étrange. Je vous explique pourquoi dans cet épisode et surtout pourquoi ce n’est pas important.

« Je n’aime pas ma voix », « je n’aime pas m’entendre » sont des excuses très fréquentes pour ne pas se lancer dans le podcast ou la vidéo. En fait personne n’aime vraiment sa voix surtout en l’écoutant surtout au début car elle ne nous est tout simplement pas familière.

Nous n’entendons jamais notre voix comme les autres l’entendent, d’où notre surprise lorsqu’on découvre un enregistrement. La voix enregistrée que nous entendons, toutes considérations techniques mises à part, est forcément différente de notre voix que nous entendons nous. Nous avons l’impression d’entendre une autre personne. Pour autant, c’est celle qu’entende les gens à qui nous parlons. Pour eux c’est notre voix !

La voix et la parole sont des phénomènes physiques complexes

Sur le plan purement physique, il ne faut pas oublier que la voix, le son, c’est de l’air qui se déplace et rentre en résonance.

J’ai suivi l’an dernier une formation sur la voix. Le but était de mieux comprendre et améliorer ce qui est pour moi un outil de travail sollicité parfois jusqu’à 8 heures dans une journée de cours ou formation.

La formatrice nous avons expliqué et montré le fonctionnement de notre corps pour générer du son et des paroles. Il est assez surprenant de découvrir le travail des cordes vocales, de la bouche, des muscles, de la langue, du rôle des dents, le positionnement de la langue par rapport au palais… Beaucoup de choses se passent pour émettre un son puis des mots.

C’est ce qui explique que l’apprentissage de la parole pour l’enfant est long car il y a de nombreux paramètres physiques. Interviennent aussi des facteurs sociaux. Note voix se forme en fonction de l’environnement dans lequel nous grandissons. L’enfant est dans l’imitation des personnes autour de lui et va aussi s’adapter en fonction de la difficulté ou pas à se faire entendre par rapport au bruit ambiant, aux autre membres de la famille. On adopte alors un certain type de voix.

Dans la formation, nous avions par exemple une enseignante qui a grandi dans une famille plutôt « calme » : fille unique, environnement assez silencieux, parents qui parlent doucement. Pas besoin de forcer sa voix pour se faire entendre. Elle a une voix soufflée peu puissante. A l’inverse, une autre enseignante avait elle une voix « à la Edith Piaf » ou un peu « voix de poissonnière » héritée de son obligation de se faire entendre dans une grande fratrie un peu turbulente.

Les deux peuvent ne pas être satisfaites. L’une car elle a une voix peu puissante peu efficace pour se faire entendre sans forcer dessus. L’autre un timbre particulier pas forcément agréable selon elle même si elle n’a aucun mal à se faire entendre. Si vous souhaitez creuser le sujet, voici une analyse détaillée de la voix d’Edith Piaf.

Vous pouvez travailler votre voix, essayer de lui donner une certaine puissance, une tessiture, travailler le confort pour ne pas forcer dessus, travailler votre souffle… C’est ce que font les chanteurs. Les artistes lyriques sont impressionnants sur ce plan.

Toutefois quoi que vous fassiez, vous l’entendrez toujours différemment tout simplement parce que nous ne l’entendons pas avec les mêmes organes.

Votre voix interne

J’ai fait quelques recherches sur le sujet. Quand nous parlons, nous entendons notre voix de deux manières :

  1. le son émis par la bouche, conduit par l’air jusqu’à notre oreille, notre tympan, notre conduit auditif et notre oreille interne qui traduit ça en signal pour le cerveau,
  2. mais aussi le son conduit à l’intérieur de notre tête, à travers notre chair, nos muscles et nos os directement jusqu’à l’oreille interne.

Or notre corps transmet mieux et plus facilement les sons à basses fréquences que les tonalités plus élevées. Donc la voix que nous entendons dans notre tête est plus grave, plus profonde et raisonne plus que celle que les autres personnes entendent. Voici une vidéo qui explique bien les choses :

Donc quand vous vous écoutez un podcast ou une vidéo dans laquelle vous parlez, vous n’entendez pas la voix que vous avez entendu toute votre vie. Vous entendez la voix que les autres personnes entendent réellement mais sans la partie interne.

Le médecin spécialiste en neurosciences Chris Chang, résume le phénomène ainsi :

« Quand on écoute le son de sa voix enregistrée, ce chemin de transmission par les os que l’on considère comme faisant partie de sa voix ‘normale’ est éliminé, et on entend seulement la partie transmise par l’air, avec un isolement qui n’est pas familier, ce que les autres personnes entendent en réalité. »

L’important n’est pas votre voix

Il est donc logique que vous n’aimiez potentiellement pas votre voix, et surtout que vous la trouviez différente et étrange. Il est probable que vous ne l’aimiez probablement jamais ou que vous n’arriviez jamais à vous y faire. Vous avez vécu toute votre vie entendant votre voix interne. Car vous avez passé toute votre vie à l’entendre par l’intérieur et rarement par l’extérieur.

Vous pouvez améliorer un peu son rendu lors de l’enregistrement avec un meilleur micro, une salle insonorisée, un traitement audio pour la compresser un peu, travailler votre souffle… mais elle ne sera probablement jamais identique à celle dont vous avez l’habitude dans votre tête.

On a d’ailleurs tendance je pense à abuser de la compression sonore à cause de ça. Pensez aux radios et aux podcasteurs américains qui ont des micros qui transforment tout le monde en Barry White. Or si la compression améliore globalement le rendu elle fatigue aussi l’écoute.

Mais ce n’est pas grave. Car vous ne faîtes pas un podcast pour vous écouter vous. Vous le faites pour que d’autres vous écoutent. Je n’ai je crois jamais écouter un épisode de tous mes podcasts intégralement.

Vos auditeurs n’entendent eux que votre voix. Ils ne connaissent que celle-ci. Et le plus important pour eux c’est l’information que vous faites passer, la passion que vous transmettez, les émotions que vous partagez et comment vous les aider.

Accepter cet état de fait sur sa voix est un premier pas important. Plus que d’essayer de la changer vous devez travailler à comment vous devenez un conteur d’histoires expressif.

— Bertrand

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