A plus de 40 ans, je passe désormais pour un vieux sur certains réseaux sociaux et aux yeux des jeunes.
L’âge est un sujet qui me travaille. Non pas que je me sente vieux. Mais j’envisage cette question sous l’angle de ma place de créateur de contenu, du lien avec l’audience et de l’audience que l’on peut atteindre ou que l’on va atteindre sur certaines plateformes.
Je me fais ainsi souvent la réflexion que YouTube n’aime pas les jeunes. Ce n’est pas la plateforme, mais ce sont les jeunes utilisateurs qui sont en nombre dessus qui n’ont finalement aucune envie d’écouter quelqu’un qui a l’âge de leurs parents.
Si je me sens jeune dans ma tête et que je beaucoup plus connecté que beaucoup de personnes de mon âge, j’apparais souvent comme un dinosaure pour mes étudiants. Une étudiante à la Fac m’a quand même dit un jour : « Vous vous y connaissez quand même super bien en internet pour un vieux. »
Les influenceurs sont plutôt jeunes
Bien entendu je m’en amuse. Mais je pense quand même que, quoi que l’on fasse, on passe à un moment pour un vieux con pour la masse des utilisateurs. Les ados considèrent Cyprien (29 ans) comme le Radio Nostalgie de YouTube !
Il y a toujours des exceptions. Casey Neistat a 37 ans et des fans bien plus jeunes par les 11 millions ou presque d’abonnés, Gary Vaynerchuk a 43 ans et le coureur à pied Rich Roll a 53 ans.
J’ai cité des américains car en France, j’ai moins de références de vieux créateurs à l’audience vraiment développée, que ce soit sur YouTube ou Instagram. Je pourrais citer Franck Ropers (849k abonnés) qui a 56 ans, Jérôme Keinborg de Nowtech (155k abonnés) a 47 ans. Julien Menielle de la chaîne Dans Ton Corps (578K abonnés) a 44 ans. Ce dernier était d’ailleurs le doyen du salon Video City : « J’ai des choses à raconter et ceux qui me regardent sont de tous âges. »
En dehors j’ai le sentiment que ce sont plutôt les trentenaires et les plus jeunes qui raflent la mise. Il y a quelques années, l’âge média d’une chaîne YouTube beauté était de 20 ans, celle d’une chaîne de jeux vidéo de 22 ans.
Sur certaines thématiques, une partie des habitués de YouTube sera plus difficile à intéressée pour moi car elle aura du mal à faire confiance à un quelqu’un qui ressemble à leur père.
L’âge n’est pas un problème
Cette question d’âge n’est pas un problème pour nous créateurs de contenus. Elle l’est quand nous essayons de viser tout le monde. Et c’est en ça que je tique fortement quand quelqu’un m’annonce qu’il veut s’adresser à tout le monde.
Il restreint cependant très probablement notre audience potentielle. Oui tout le monde est potentiellement intéressé par la majorité des thématiques mais pas de la même manière et pas par la même personne.
Quand les gens ont un problème et cherchent des solutions, ils se tourneront non seulement vers des guides compétents mais aussi des gens qui leur ressemblent. Je pense que la majorité des gamins n’ont rien à faire de mes conseils en tout cas dans mes thématiques. C’est moins vrai pour Casey Neistat car il parle beaucoup de skateboard, photo, vidéo, drone et de pas mal de choses qui l’amuse.
Mais même dans le domaine du sport, un jeune s’identifiera plus facilement à Tibo InShape que Franck Ropers. Je suppose qu’une bonne part de l’audience de Rick Roll, même si le succès lui permet de l’élargir, est composée de personnes inspirée par ce parcours d’un papa bedonnant rejetant la crise de la quarantaine à l’homme le plus fort du monde s’alignant aux Championnats du monde d’Ironman.
Mon parcours personnel va inspirer certaines personnes. Mais un gamin de 18 ans qui n’a pas de gras tout en mangeant n’importe quoi, moi il y a 25 ans donc, a bien du mal à s’imaginer que dans 20 ans il sera fier d’avoir perdu 25 kilos comme moi.
Mais l’inverse est vrai aussi. Quand je regarde ma liste des gens que j’écoutent et regardent vraiment, je n’ai pas beaucoup de jeunes. Il y a de la place pour tout le monde sur internet et nous avons chacun nos bulles. Sur ma chaîne YouTube, 90% des vues sont faites par des personnes âgées de plus de 25 ans, et même la moitié par des plus de 35 ans.
Une communauté de gens qui me ressemblent
Quand on me demande comment j’ai imaginé mon audience sur mes divers supports, je réponds tout le temps que je m’adresse à des gens qui me ressemblent. Je fais le contenu que j’aimerai trouver.
Par exemple, j’avais imaginé Cyberbougnat dans les couloirs du métro parisien quand je ne pouvais pas trouver d’information sur Clermont. Le site a évolué en fonction de mes centres d’intérêt. A 20 ans je parlais de soirées étudiantes, dix ans plus tard plus du tout.
Je fais surtout contenu qui me permet de progresser sur mon sujet et de vous faire progresser. On pourrait dire que j’accompagne mon audience dans sa progression mais l’inverse est vrai. Voilà pourquoi je dis que nous progressons ensemble.
Etre soi-même est une vraie opportunité
Quand on ne se lance pas dans la course à l’audience maximum, nous n’avons aucun besoin de cibler tout le monde. C’est le cas dans mes contenus comme dans mes formations. Cette manière de penser fait une grosse différence.
Je ne surfe pas sur certaines tendances qui font le buzz comme le font les jeunes influenceurs pour me placer absolument dessus. De toute façon je resterai un vieux comme même en le faisant et je raterai donc mon objectif.
De même que vous ne m’entendrez jamais vous conseiller d’aller vivre en Asie pour vivre comme un pacha avec le peu de revenus mensuels que génère votre blog.
Mes préoccupations sont celles d’un papa qui a une maison à payer. Et je crée mon contenu en fonction de ça. Et je sais que beaucoup d’entre-vous, pour ne pas dire la majorité, vous avez les mêmes considérations.
Il est aussi important de bien être aligné avec qui nous sommes. Quand vous créez du contenu tous les jours vous n’avez pas d’autre choix que d’être vous-même. Vous pouvez parfois vous sentir en décalage et vous en amusez. J’ai adopté le hashtag #vieuxvlogger sur YouTube.
Vous pouvez aussi voir cela comme une opportunité pour créer du contenu dans une niche qui n’est plus définie uniquement par la thématique mais aussi par qui vous êtes.
Si vous lancez une chaîne YouTube ou un podcast pour les baby-boomers geeks en l’étant vous-même, votre cible de départ est certes restreinte mais elle sera très homogène et potentiellement bien plus intéressante qu’une cible très large. Vous n’aurez alors pas besoin d’avoir une grosse audience pour attirer des annonceurs ou trouver d’autres formes de monétisation.