330. Faut-il croire le nouvel amour de Facebook pour la vie privée ?

Mark Zuckerberg a publié une tribune où il décrit l’avenir de Facebook et ses services sous un angle « A Privacy-Focused Vision for Social Networking ». Mais peut-on vraiment le croire ?

Quelques citations

« Je pense que l’avenir de la communication passera de plus en plus vers des services privés chiffrés, dans lesquels les gens peuvent avoir la certitude que ce qu’ils se disent reste sécurisé et que leurs messages et leur contenu ne resteront pas éternellement. C’est l’avenir, et j’espère que nous aiderons à le réaliser. »

« Nous nous sommes concentrés sur le cas d’utilisation le plus fondamental et le plus privé – la messagerie – et l’avons rendu aussi sécurisé que possible, puis nous avons créé davantage de nouvelles façons pour les utilisateurs d’interagir comme les appels, les vidéos, les chats, groupes, stories, entreprises, paiements etc. »

« Je comprends que beaucoup de personnes ne pensent pas que Facebok puisse ou veuille construire une plate-forme centrée sur la vie privée – très franchement, nous n’avons pas aujourd’hui une très bonne réputation sur ce sujet, et nous nous sommes historiquement concentrés sur les outils qui facilitaient un partage ouvert. Mais nous avons régulièrement montré que nous pouvons évoluer, et construire les services que les utilisateurs désirent, comme des messageries sécurisées. »

Les grands axes annoncés par Mark Zuckerberg

Interactions privées : Les gens doivent avoir des endroits simples et intimes où ils ont le contrôle de ceux qui peuvent communiquer avec eux et dont l’assurance que personne ne peut accéder à ce qu’ils partagent.

Cryptage : Les communications privées des personnes doivent être sécurisées. Le cryptage de bout en bout empêche quiconque – y compris nous – de voir ce que les gens partagent sur nos services.

Réduire la permanence : Les gens devraient être à l’aise d’être eux-mêmes et ne devraient pas avoir à s’inquiéter de ce qu’ils partagent en revenant pour leur faire du mal plus tard. Nous ne garderons donc pas les messages ou les récits plus longtemps que nécessaire pour fournir le service ou plus longtemps que les gens ne le souhaitent.

Sécurité : Les gens devraient s’attendre à ce que nous fassions tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer la sécurité de nos services dans les limites de ce qui est possible dans un service crypté.

L’interopérabilité : Les utilisateurs devraient pouvoir utiliser n’importe laquelle de nos applications pour joindre leurs amis et pouvoir communiquer facilement et en toute sécurité sur des réseaux.

Stockage sécurisé des données : Les gens devraient s’attendre à ne pas stocker de données sensibles dans des pays où les droits de l’homme, comme la vie privée et la liberté d’expression, font l’objet de faiblesses, afin de protéger les données contre tout accès abusif.

Vie privée ou espace privés ?

Il y a du bon dans une telle annonce. Elle montre que déjà que le fondateur de Facebook intègre la notion de privacy. Il la place même au coeur du futur du réseau social. Il le fait alors qu’il a engagé le rapprochement des messageries Messenger, Instagram et WhatsApp. Un rapprochement qui fait peur et qui nécessite un peu d’explication de la part de Mark

Mais Mark Zuckerberg est habile et cela reste pour l’instant du marketing. Surtout, dans son message il mélange allègrement les termes de privacy et private.

Autrement dit sous l’apparence de proposer un Facebook qui défend la vie privée ou l’intimité, il propose plutôt un Facebook plus privé. Il veut proposer aux utilisateurs des fonctions leur permettant d’avoir des espaces privés pour discuter. Mais il n’a pas dit que Facebook n’allait plus s’intéresser à notre vie privée.

Hors, le fondement de Facebook est de dresser notre profil le plus parfait possible.

Certes il annonce ne pas pouvoir lire le contenu de nos messages mais l’enregistrement et l’analyse des données est une manière d’enregistrer notre intimité. L’existence même du message est un message. Le fait que vous discutiez 10 fois par jour avec une personne et un message en lui même.

Une application comme Messenger Kids qui semble un mouvement intéressant pour protéger et éduquer les enfants aux réseaux sociaux est aussi une manière de cartographier encore un peu mieux une famille et ses interactions.

Le problème de Facebook c’est son business model

C’est ce qui fait la différence fondamentale avec des services comme Signal, DuckDuckGo ou Qwant qui eux sont construits autour de l’idée qu’ils n’ont pas besoin de tout savoir savoir et conserver sur l’utilisateur.

Et quand Zuckerberg dit « nous ne garderons donc pas les messages ou les récits plus longtemps que nécessaire pour fournir le service ou plus longtemps que les gens ne le souhaitent » il ne dit pas ce qu’il fait de ces informations pendant ce laps de temps.

Il ne lui faut que quelque secondes pour analyser la photo, ses métadonnées et son contenu. Même si la photo est supprimée, il a largement le temps de l’analyser, reconnaître qui est sur la photo et enregistrer cette trace numérique. Il en a besoin pour vivre.

Facebook a créé une forme de market place de l’humain. Facebook ne vent pas de l’humain directement mais il vend nos comportements.

Pour savoir si cette tribune annonce une bonne nouvelle, il va donc falloir attendre de voir comment le business de Facebook va évoluer. Tant que plus de 90% du business est la pub le fondement de Facebook ne peut pas évoluer car il repose sur cette market place.

Facebook ne peut pas couper son fonctionnement publicitaire sauf à trouver et montrer aux actionnaires comment il va remplacer cette manne par une autre. Mark Zuckerberg a parlé de e-commerce, on parle de paiement et même d’une monnaie interne à Facebook.

C’est une piste sérieuse préfigurée par le modèle chinois. Et c’est aussi pour ça qu’il prend une telle position. Si vous voulez inciter les gens à acheter dans votre supermarché il faut qu’ils aient confiance.

Mais cela ne voudra toujours pas dire pour autant que Facebook n’analysera pas les transactions pour continuer à enrichir votre profil.

Mais ce business dépasse Facebook

Après tout les supermarchés collectent tous nos achats avec nos consentements via les cartes de fidélité. La market place humaine dépasse ainsi largement Facebook.

C’est même inimaginable tellement c’est gigantesque puisque tout ce que nous faisons est traçable du moment que c’est connecté à une base. La disparition progressive et annoncée de l’argent physique, du cash, ajoutera encore une couche.

D’ailleurs des personnalités politiques s’en réjouissent car ça leur permet de mieux lutter contre la fraude. Et c’est aussi pour ça que les technologies Blockchain et les monnaies basées dessus leur font peur mais ont aussi une portée philosophique qui va bien au-delà de la spéculation.

Mais il est fort possible qu’il soit impossible de freiner cette marche forcée jusqu’à exploser parce qu’il aura rendu nos vies invivables.

— Bertrand

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