L’effet Zeigarnik a été étudié il y a près d’un siècle et nous l’expérimentons tous. S’il peut être un vecteur de motivation intéressant il explique aussi pourquoi nous sommes stressé et ramenons nos dossiers de boulot à la maison. Alors voici comment profiter du positif sans être empoisonné par le négatif.
Bluma Zeigarnik était une psychologue soviétique. Dans les années 1920, elle remarqua une chose étrange dans un restaurant très fréquenté de Vienne. Un serveur se souvenait avec précisions des commandes non réglées mais oubliait instantanément celles qui étaient réglées et donc terminées.
Elle vérifia ensuite cette observation par diverses expériences. Elle demandait à des enfants d’accomplir vingt petits travaux (puzzle, enfiler des perles…). Elle leur permettait de terminer la moitié des activités et les autres restées inachevées. Quelques temps après elle leur demandait toutes les tâches qu’ils avaient exécutées. Celles qui n’étaient pas terminées étaient citées environ deux fois plus que les autres
Elle publia les résultats de ses recherches en 1927. Avec un constat simple. L’inachèvement d’une activité entreprise crée une tension durable de l’organisme, dont le souvenir ne serait que l’empreinte. Lorsqu’on donne aux sujets de l’étude la possibilité d’achever leur travail, il se produit chez eux une détente, et il n’y a plus de différence de mémorisation entre les tâches accomplies.
Autrement dit, notre cerveau garde en mémoire ce qui n’est pas terminé. Ainsi, nous gardons en tête les détails des tâches jusqu’à ce qu’elles soient menées à bien. C’est un peu comme si notre ordinateur interne gardait un fichier ouvert tant que nous n’avons pas fini de travailler dessus. Et cela nous gêne jusqu’au moment de le fermer. Donc nous voulons le fermer.
Deux approches de cette observation
Comme toujours il y a un côté positif et un négatif. Ainsi l’effet Zeigarnik peut être vu comme un élément de motivation positif ou un élément de stress négatif.
Positif : un hack de motivation qui nous aide à finir des tâches
Nous aimons tous finir ce que nous avons commencé. Et nous éprouvons une certaine satisfaction à le faire car cela nous libère de l’inconfort provoqué par le fait que nous savons que ça nous avons quelque chose à finir.
L’idée serait donc de laisser une tâche en plan quand on veut faire une pause pour prendre un café ou regarder une vidéo YouTube. Pendant toute notre pause cette tâche reste en suspend dans notre tête, ce qui nous facilite la remise en action. Notre cerveau est en effet pressé de terminer et trouvera ainsi un certain réconfort.
Négatif : c’est un vraie source de stress
Mais cet inconfort n’est pas que bénéfique. Il va déjà perturber la concentration si vous devez faire une autre action. Cette tâche inachevée continue à happer votre attention. Autrement dit vous avez du mal à vous concentrer sur ce que vous avez à faire tant que vous n’avez pas fini la première tâche. Donc vous perdez en efficacité et en qualité de travail.
Cet effet peut aussi créer un vrai stress et vous l’avez déjà ressenti quand vous rentrez à la maison avec votre travail dans la tête. Ainsi, si vous n’avez pas le temps de finir avant de rentrer chez vous, cette tâche va rester ouverte dans votre cerveau. Cela crée un vrai stress qui vous empêche de décrocher du boulot même si vous êtes au sport ou en famille. Et cela peut tourner dans votre tête tout le week-end.
Comment profiter pleinement de l’effet Zeigarnik ?
Existe-t-il alors un moyen de profiter des bénéfices et limiter les problèmes. Oui. Déjà avoir conscience de cet effet va vous aider à prendre le bon côté et vous méfier du mauvais :
- profiter du bon côté : un bon moyen pour hacker votre motivation dans la journée. Si vous n’avez pas fini quelque chose avant de faire une pause vous serez pressé de reprendre et finir. Donc laisser une tâche en suspend avant les petites pauses.
- limiter le mauvais côté : vous devez finir les choses avant de partir ou d’arrêter de travailler. Si vous terminez votre journée avec des tâches en cours, vous risquez de ne pas décrocher, ne pas vous reposer et ne pas profiter de votre temps libre et votre famille.
Et voici deux moyens de le faire simplement.
Découpez les grosses tâches
Le premier moyen de lutter contre les effets négatifs est de découper les grosses tâches en petites tâches simples et rapides afin de pouvoir être sûr de les finir avant de partir le soir.
Et comme nous l’avons vu avec l’[équation de la motivation], avoir des délais assez court et de grandes chances de terminer vous garantit un niveau de motivation élevé.
Faîtes des listes
La deuxième tactique est de faire des listes des choses à faire. C’est le moyen le plus rapide et le plus efficace pour décharger votre mémoire de ces choses que vous ne voulez pas oublier de faire.
Pour prendre l’image de l’ordinateur, c’est comme si vous fermiez les fichiers tout en gardant une liste de raccourcis sur votre bureau pour les retrouver quand vous reprenez le travail.
Les lister par écrit ou dans votre logiciel de gestion des tâches vous évite en plus d’avoir à vous rappeler de ne pas les oublier. Et c’est probablement l’endroit le plus sûr pour les retrouver.
Je vous donne dans le podcast l’exemple de mon post-it collé sur l’écran de mon ordinateur avec la liste des épisodes que j’avais prévu de faire en début de semaine. C’est terriblement efficace !